Projets de recherche en cours
La recherche menée à Bordet permet l’amélioration constante et l’innovation de traitements. L’enjeu des recherches menées au sein du laboratoire est de trouver de nouvelles perspectives thérapeutiques cliniques qui pourraient permettre de ralentir, de stopper la progression des maladies onco-hématologiques, voire de les guérir.
RAPPORT D’ACTIVITE DE L’ UNITE DE RECHERCHE EN HEMATOLOGIRE Institut J. Bordet (ULB/HUB)- JANV 2023- DEC 2023
Notre équipe, actuellement composée de deux coordinatrices de recherche clinique, deux infirmières de recherche, d’un « data entry » et d’une « start-up implémentation, » œuvre chaque jour afin de permettre aux patients suivis dans le département hématologie de l’Institut Jules Bordet, de participer à des études cliniques et leur permettre d’avoir accès à de nouvelles pistes thérapeutiques.
En 2023, notre équipe a participé à de multiples études « académiques » dans le domaine des hémopathies malignes, qui ont permis de faire avancer la recherche clinique et améliorer le pronostic des patients porteurs de ces pathologies.
Parmi ces études cliniques, notre centre s’est révélé particulièrement actif sur le plan européen dans les études suivantes :
MYELOME MULTIPLE EN PREMIERE LIGNE
L’étude Midas, une étude académique du groupe international (IFM,) qui évalue la meilleure stratégie de traitement adaptée à la maladie résiduelle chez des patients porteurs de myélome multiple et éligibles à un traitement par autogreffe de moelle. Dans cette étude les patients présentant un myélome nouvellement diagnostiqué ont pu avoir accès à un nouveau traitement de pointe associant différentes thérapies ciblées : le carfilzomid, le lenalidomide et l’isatuximab (un anticorps anti-CD38 ciblant le globule blanc malade).
Cette association non disponible hors étude permet un taux de réponse proche de 100% mais aussi et surtout un taux de maladie résiduelle négative (absence de cellules tumorales dans la moelle osseuse sur 1 million de cellules testées) chez 77% des patients.
Dans cette étude, les patients avec une maladie résiduelle négative, considérés de bon pronostic, étaient randomisés entre un bras sans autogreffe (et donc sans hospitalisation) et un bras classique avec autogreffe. Les patients avec une maladie résiduelle positive, sont considérés d’office de moins bon pronostic et bénéficiaient, outre de l’autogreffe, d’une consolidation et maintenance innovante avec de nouvelles thérapies (imnovid).
Le but de cette étude est donc d’offrir des traitements de pointe associant des thérapies ciblées et immunothérapies et d’espérer des survies et survies sans rechute prolongées mais aussi de démontrer que chez les patients avec maladie résiduelle négative, traités par les meilleures molécules, on pourrait se passer d’autogreffe.
LYMPHOME NON HODGKINIEN « DU MANTEAU » EN EN PREMIERE LIGNE
Oasis II, est une étude académique menée par le groupe franco-belge (LYSARC), qui étudie l’efficacité de l’Ibrutinib en association avec des anticorps anti-CD20 versus l’Ibrutinib + anti-CD20 et le Venetoclax administrés en combinaison à durée fixe chez des patients nouvellement diagnostiqués, porteurs de lymphome à cellules du manteau. Le lymphome du manteau est un lymphome rare dont les présentations peuvent être très variées, et parfois agressives, actuellement incurable.
L’ibrutinib est un traitement oral ciblé (inhibiteur de tyrosines kinases) qui est bien toléré et un traitement approuvé dans les lymphomes du manteau en rechute.
Le Venetoclax (thérapie ciblée anti-bcl2 orale qui induit la mort des cellules lymphomateuses), également efficace dans le lymphome du manteau en rechute, est ici proposé en association afin de comparer deux traitements biologique (sans chimiothérapie).
Le but est d’obtenir une réponse complète et aussi d’augmenter la survie de ces patients.
LYMPHOME NON HODGKINIEN « T » EN RECHUTE
L’étude Kilt évalue le bénéfice du Lacutamab (un anticorps humanisé qui cible un récepteur présent sur les cellules de certains lymphomes T (KIR3DL2)) en association avec le traitement standard pour les patients porteurs d’un lymphome T en rechute.
Le lymphome T est une maladie incurable pour laquelle, à la rechute, les drogues efficaces sont rares. Dans cette étude, l’efficacité et la tolérance d’un traitement par Lacutamab, un médicament expérimental, en association avec la chimiothérapie classique (Gemcitabine-Oxaliplatine) est comparée avec un traitement par la chimiothérapie seule.
En ajoutant ce traitement novateur aux chimiothérapies classiques, on espère améliorer le taux et la durée de réponse des patients tout en analysant les possibles effets secondaires de cette nouvelle immunothérapie.
MYELOME MULTIPLE EN RECHUTE
Les nouvelles immunothérapies cellulaires par CAR-T (Chimeric Antigen Receptor-T) utilisent les cellules des lymphocytes T du patient pour combattre le cancer. Dans les thérapies par cellules CAR-T, un certain type de globules blancs (les lymphocytes T) sont prélevés dans le sang du patient et envoyés dans un laboratoire pour être modifiés.
De nouveaux récepteurs seront ajoutés à ces globules blancs par de la thérapie génique (récepteur antigénique chimérique = CAR) qui reconnaîtront une cible sur les cellules tumorales. Ces cellules seront multipliées en laboratoire, avant d’être réinjectées au patient. Ces cellules CAR-T vont combattre les cellules cancéreuses et les tuer.
Cette nouvelle ère thérapeutique est en pleine expansion et a déjà démontré son efficacité avec des taux de réponses exceptionnels dans des maladies telles que certains lymphomes, leucémies mais aussi le myélome multiple.
Nous participons actuellement à l’étude KarMMa-9 où les CAR-T sont administrés en association avec le traitement standard en première ligne dans le myélome multiple.
Dans cette étude, les patients qui n’ont pas obtenu une rémission complète optimale après leur traitement par greffe pourront avoir accès à des CAR-T afin d’obtenir une réponse optimale, une majoration de la survie et survie sans rechute.
Dans les Myélomes en rechute réfractaire, nous pouvons offrir aux patients de toutes nouvelles thérapies qui n’ont pas encore fait leurs preuves : c’est ce qu’on appelle des « Etudes de phases 1 ». C’est l’étude TIG007 qui étudie, dans le myélome multiple en rechute et réfractaire, le bénéfice de « EOS884448 » une immunothérapie innovante.
L’étude TCD17710, étudie le bénéfice du « SAR445514 » un tout nouvel anticorps qui vise certains globules blancs (les lymphocytes NK) pour les remettre en contact avec la tumeur et espérer qu’elle va induire la mort de la cellule du myélome multiple en rechute.
Dans ces études, la faisabilité et toxicité du traitement sont étudiées, mais nous espérons aussi pouvoir offrir une efficacité à des malades réfractaires à tous les traitements disponibles. Ces deux études vont nous permettre d’obtenir des régressions tumorales chez certains patients pour qui nous n’avions plus d’option thérapeutique.
LYMPHOME NON HODGKINIEN « B » EN RECHUTE
Dans l’étude DALY 2-EU, on compare l’immunothérapie par CAR-T cells au traitement standard pour les lymphomes B en rechute, non éligibles à la greffe.
Ceci permet à un patient sur deux d’avoir accès à cette nouvelle thérapie qui peut offrir une guérison à certains d’entre eux.